Chapitre 4
Zeros des fonctions holomorphes –
Points singuliers isoles
Partie A : Zéros des fonctions holomorphes
Soit F une fonction holomorphe dans un ouvert W. On rappelle q’un zéro de F est un élément z0 de W tel que F(z0) = 0.
Lemme
: Soit z0 un zéro d’une fonction holomorphe F. Les conditions suivantes sont équivalentes :Définition
: Un zéro z0 d’une fonction holomorphe f est appelé zéro isolé si z0 ne vérifie pas les conditions (i) et (ii) du lemme précédent.Proposition
: Si z0 est un zéro isolé, alors il existe un unique entier positif m tel que f(z) = (z – z0)mf1(z) où f1(z) est une fonction holomorphe dans W et f1(z0) ¹ 0.Notion d’ordre de multiplicité :
L’entier m introduit dans la proposition précédente est appelé ordre de multiplicité du zéro z0. Il est caractérisé par les conditions suivantes :
f(k)(z0) = 0 pour tout k < m et f(k+1)(z0) = f(p)(z0) ¹ 0
Ce sont ces conditions qui servent le plus souvent pour la détermination pratique de m.
Convention : Si f(z0) ¹ 0, on dit quelquefois que z0 est un " zéro d’ordre 0 " de f – Attention : ce n’est pas un zéro ! Ceci permet d’unifier certains énoncé.
Corollaire 1 : Soient f et g 2 fonctions holomorphes en z0 alors ordz0 (f.g) = ordz0 (f) + ordz0 (g).
Corollaire 2
: (PRINCIPE DES ZEROS ISOLES) : Si z0 est un zéro isolé de f, alors il existe un voisinage D de z0 dans lequel f n’a pas d’autre zéro que z0.Lemme
: (PRINCIPE DU PROLONGEMENT ANALYTIQUE – forme faible) : Soit f une fonction holomorphe dans un domaine W. Si f(z) = 0 pour tous z dans un disque ouvert inclus dans W alors f(z) = 0 " z Î W.Théorème
: Toute fonction holomorphe dans un domaine W qui a un zéro non isolé est nulle pour tous z Î W.Définition
: Soient W Ì ÷ un ouvert et X Ì W. Alors X est localement fini si X Ç K est fini pour tout sous – ensemble compact K Ì W.Proposition
: Soit f une fonction holomorphe, non identiquement nulle, définie dans un domaine W. Alors l’ensemble des zéros de f est localement fini.Corollaire 1
: L’ensemble des zéros de f est discret dans W.Corollaire 2
: L’ensemble des zéros de f est dénombrable.Lemme
: Soit (zn)n une suite injective de nombres complexes. On pose : Z = {zn ; n Î ù}. Les conditions suivantes sont équivalentes :Proposition
: Si f est une fonction holomorphe non identiquement nulle dans un domaine W, l’ensemble des zéros de f est localement fini dans W.Théorème de Weierstrass
: Soit W un ouvert dans ÷ et Z une partie dénombrable et localement finie de W. A tout z Î Z on associe m(z) Î ù. Alors il existe une fonction holomorphe f, définie dans W et Z est l’ensemble des zéros de f et " z Î Z ordZ f(z) = m(z).
Proposition
: Soient f et g 2 fonctions holomorphes dans un domaine D. Supposons que {z Î D ; f(z) = g(z)} contient un compact infini. Alors f º g sur D.Il n’est pas dit que l’ensemble des points d’agrément entre f et g est un compact infini mais contient un compact infini.
Théorème
: (PRINCIPE DE SYMETRIE) : Soit D un domaine symétrique par rapport à l’axe réel. Supposons que D É [x0 , x1] (où x0 < x1) et f est holomorphe dans D. Alors les conditions suivantes sont équivalentes :
Théorème
: Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert W. Si |f| a un maximum local en a Î W alors f est constant dans un voisinage de a. En particulier, si W est un domaine alors f est constante.Corollaire
: Soit f une fonction holomorphe dans un domaine borné D et f continue sur l’adhérence`D. Alors, soit |f| admet un maximum sur la frontière ¶D, soit f est constante (s’il est atteint dans D).
Partie B : Points singuliers isolés
Définition
: Soit f une fonction holomorphe en tout point d’un certain ouvert W, sauf peut être en un point a Î W. On a 3 cas possibles :
Lemme du disque pointé
: Soit D un disque pointé défini par les conditions : 0 < |z – a0| < r. Soient g1 et g2 deux circuits circulaires de rayons r1 et r2 : 0 < r1 < r2 < r qu’on suppose parcourus une fois dans le sens direct. Pour toute fonction f holomorphe dans D on a l’égalité :On applique souvent le résultat précédent sous une forme légèrement différente :
Lemme
: Avec les notations du lemme du disque pointé, on a pour tout z vérifiant r1 < |z – a0| < r2 l’égalité suivante :Définition du Résidu
: où gi(t) = a + reit (0 £ t £ 2p)Proposition
: Soit f une fonction holomorphe sur D = {z ; 0 < |z – a| < r}. Supposons que a soit une fausse singularité, alors Res(f,a) = 0.REMARQUES :
Proposition
: Si f présente une fausse singularité en a alors f est prolongeable par continuité en a et la fonction prolongée est holomorphe en a.Ainsi une fausse singularité n’est qu’un point d’holomorphie cachée, ou non prise en compte pour une raison ou une autre.
Notion générale de point singulier :
Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert W et soit a un point de la frontière de W. Deux cas peuvent se présenter :
Cela étant , un point singulier isolé n’est autre qu’un point isolé de l’ensemble des points singuliers de f.
Exemple : Pour la détermination principale du logarithme, tous les points de la coupure de ú– sont singuliers et non isolés. Zéro est singulier pour toute détermination (ou branche) du logarithme : on l’appelle un point de branchement.
Soient f une fonction holomorphe dans un ouvert W, sauf en un point a qui est un pôle de f.
Soit D = {z ; 0 < |z – a| < r} un disque pointé dans lequel f est holomorphe et f(z) ¹ 0 " z Î D. 1/f est alors holomorphe dans D et vérifie :
Alors a est une fausse singularité pour g donc g se prolonge par continuité en a en posant g(a) = 0. Ainsi g est holomorphe sur D(a,r[. a est un zéro isolé pour g (car g ne s’annule pas dans D). g se met alors sous la forme suivante : g(z) = (z – a)r g1(z) où l’entier positif r est l’ordre de multiplicité du pôle a, g1 est holomorphe en a et g1(a) ¹ 0.
D’où f(z) = f1(z) / (z – a)r , comme f1 = 1/g1 alors f1 est holomorphe et f1(a) ¹ 0.
f peut se décomposer en une série de Laurent :
Pour tout z Î D, La fonction rationnelle définie par avec a–r ¹ 0 s’appelle la partie singulière de f en a.
CALCUL DE RESIDUS :
(A). Pôles Simples :
Dans la décomposition de Laurent, si f est une fonction holomorphe qui présente en a un pôle simple, alors Res(f,a) = a–1. On peut dire aussi que f se met sous la forme : où f1 est holomorphe en a. On a alors l’expression suivante : .Supposons d’autre part que si f s’écrit sous la forme d’un quotient : f = g/h où g, h sont holomorphes, g(a) ¹ 0, h(a) = 0 et h¢(a) ¹ 0.
(B). Pôles Multiples : On suppose que f présente en a un pôle multiple d’ordre r > 1. f(z) s’écrit sous la forme : f(z) = f1(z) / (z – a)r où f1(a) ¹ 0. On a alors la formule du résidu :
Le comportement d’une fonction holomorphe au voisinage d’un point singulier essentiel est extrêmement " chaotique ".
Théorème de Weierstrass
: Si une fonction holomorphe f présente en un point a une singularité essentielle alors l’image par f de tout voisinage strict de a est partout dense dans ÷.Théorème de Picart
: Si une fonction holomorphe f présente en un point a une singularité essentielle, alors l’image par f de tout voisinage strict de a se compose de ÷ - {a}. De plus chaque valeur atteinte l’est une infinité de fois.
Définition
: Soit f une fonction holomorphe sur D = {z Î ÷ ; 0 < |z – a| < r} où a est une singularité essentielle pour f. La partie singulière de f est une fonction R(z) sur ÷ avec les propriétés suivantes :Cette partie singulière existe toujours et elle est unique.
Proposition
: Soit f une fonction holomorphe qui présente une singularité isolé en a. Soit R(z) la partie singulière de f en a. Alors où la série converge normalement sur toute couronne {t ; |t – a| ³ r > 0}. En plus a est un pôle ssi $ N > 0 tel que a–n = 0 " n ³ N.Corollaire
: Res(f,a) = a-1 pour a : singularité essentielle de f