Licence de Mathématiques

Algèbre et Théorie des Nombres

Année Universitaire 2000 ~ 2001

Une production MATHEMATINIUM 2000 (http://yttriumath.free.fr)

 

Chapitre 2

Les Groupes

 

 

 

  1. Généralités



    1. Définition et propriétés :


    2. Définition :

      Un groupe est un ensemble G muni d’une opération (loi interne) : (loi produit) qui vérifie :

      a) x(yz) = (xy)z " x, y, z Î G [ASSOCIATIVITE].

      b) $ e Î G avec ex = xe = x " x Î G [e est l’ELEMENT NEUTRE].

      c) " x Î G, $ y Î G avec xy = yx = e [x est inversible dans G, y est l’INVERSE de x dans G].


      Propriétés :

      1. L’élément neutre est unique.
      2. " x Î G, x a un unique inverse y, noté x-1.
      3. L’associativité permet de noter sans ambiguïté le produit de n éléments x1, x2, …, xn de G (dans cet ordre) par x1x2…xn. (on peut supprimer les parenthèses).
      4. " x Î G, " n ³ 1, on note xn = x…x (n fois). Alors (xn)-1 = (x-1)n = x-n.
        De plus, on note x0 = e. Alors " n, m Î Z, xnxm = xn+m et (xn)m = xnm.
      5. (xy)-1 = y-1x-1.
      6. En général, le produit dans G n’est pas commutatif (i.e. xy ¹ yx " x, y). Si le produit est commutatif, on dit que G est abélien. Dans ce cas, on note (en général) l’opération additivement : x + y, l’élément neutre 0, l’inverse (l’opposé) de x : -x, et
        x + … + x (n fois) = nx
      7. Dans un groupe, une équation du type ax = b a une unique solution, à savoir, x = a-1b.

       

    3. Sous-groupe :


    4. Définition :

      Soit G un groupe. Un sous-groupe H de G est un sous-ensemble non vide H de G, stable par produit et par inverse, c’est à dire tel que : " x, y Î H, xy Î H et x-1 Î H.

      On peut résumer ces deux axiomes par le suivant : " x, y Î H, xy-1 Î H.

      Remarques :

      1. Si H est un sous-groupe de G, H contient l’élément neutre e de G. En fait, H est un groupe pour l’opération induite par celle de G.
      2. La détermination de tous les sous-groupes d’un groupe G est en général très difficile. En tout cas, G a au moins deux sous-groupes G et {e}. Si G = {e}, on dit que G est trivial.
      3. Toute intersection de sous-groupes est encore un sous-groupe.
    5. Exemples :
      1. Z muni de l’addition usuelle est un groupe abélien. Quels sont les sous groupes de Z ?
        " a Î Z, aZ est un sous groupe de Z. Réciproquement, soit H un sous groupe de Z, si H est trivial, H = {0} = 0Z. Sinon, soit a ¹ 0 dans H de plus petite valeur absolue, évidemment aZ Í H, inversement, soit b Î H, par division euclidienne, b = aq + r avec 0 £ r < |a|, alors r = b – aq Î H, par le choix r = 0, donc b = aq Î aZ. Ainsi H = aZ.
      2. Soit K un corps. Alors K* = K – {0} est un groupe pour la multiplication de K.
      3. Soit E un ensemble non vide. L’ensemble de toutes les permutations de E (i.e. bijection de E dans E) forme un groupe pour la loi de composition : s z = s · z avec pour élément neutre Id et l’inverse s -1 est la permutation réciproque ; c’est le groupe symétrique de E, noté SE. Si l’ensemble E est muni d’une structure supplémentaire, on obtient un sous groupe de SE en considérant les permutations qui conservent cette structure. Par exemple, si E est un espace vectoriel, on peut considérer le sous groupe GL(E) = {s Î SE, s linéaire}.
      4. Soit G1, …, Gn des groupes sur le produit cartésien G1 ´´ Gn, on peut définir une structure de groupe en posant " x = (xi)i et " y = (yi)i, xy = (xiyi)i. C’est le produit direct des groupes Gi.
    6. Morphisme :


    7. Définition :

      Soient G et G¢ deux groupes. Un morphisme de G dans G¢ est une application f : G ® G¢ qui respecte le produit i.e. " x, y Î G f(xy) = f(x)f(y)



      Propriétés :

      1. f est un morphisme Þ f(e) = e¢ et " x Î G f(x)-1 = f(x-1).
      2. La composée de deux morphismes est aussi un morphisme.
      3. f : G ® G¢ un morphisme. Si H [resp. H¢ ] est un sous groupe de G [resp. G¢ ], alors f(H) est un sous groupe de G¢ et f-1(H¢ ) est un sous groupe de G. En particulier, f-1({e¢ }) = Ker f est un sous groupe de G et f(G) = Im f est un sous groupe de G¢ .
        De plus, f est surjective ó Im f = G¢ et f injectif ó Ker f = {e}.
      4. Si un morphisme f : G ® G¢ est bijectif, alors f-1 est aussi un morphisme, on dit alors que f est un isomorphisme et G et G¢ ont exactement les mêmes propriétés.

      Exemple :

      Soient E et E¢ deux ensembles équipotents (i.e. il existe une bijection j  : E ® E¢ ), alors l’application Y  : s Î SE ® j · s · j -1 Î SE¢ est un isomorphisme de groupe.

      Soit n ³ 1. Pour tout ensemble E fini à n éléments, le groupe SE est isomorphe au groupe symétrique de l’ensemble {1,2,…,n}, noté Sn.

    8. Ordre d’un groupe :
    9. Un groupe fini G à n éléments est dit d’ordre n. Son ordre correspond donc à son cardinal et on écrit |G| = n.

      Proposition de Cayley :

      Tout groupe fini G d’ordre n est isomorphe à un sous groupe de Sn.

       

    10. Ensemble de générateurs d’un groupe :
    11. Soient G un groupe et X une partie de G. Le plus petit sous-groupe de G contenant X est noté <X>. Si G = <X>, on dit que G est engendré par X ou que X est un ensemble de générateurs du groupe G, dans ce cas, tout élément x de G peut se décomposer de la façon suivante :

      x = x1 … xn avec " i xi Î X ou xi –1 Î X

    12. Groupes cycliques :
    13. Supposons que le groupe G est engendré par un seul élément, G = <x>. On dit alors que G est monogène, on a G = {x; n Î Z} (mais en général les xn ne sont pas tous distincts).

      Proposition :

      Soit G un groupe, x Î G.

      1. Si <x> est infini, alors <x> @ Z
      2. <x> est fini d’ordre n ó n est le plus petit entier supérieur à 1 tel que xn = e (on dit que x est d’ordre n et que <x> est un groupe cyclique d’ordre n) ó xn = e et si xh = e alors n | h.

      Dans ce cas, <x> est isomorphe au groupe additif Z/nZ (qui est abélien) des entiers modulo n.

      <x> = {e, x, x2, …, xn-1}.

      Propriétés :

      Soit G un groupe et x Î G.

      1. Si G est fini, x est d’ordre n £ |G|. De plus, G = <x> ó n = |G|.
      2. Si xa = e, alors l’ordre de x divise a.
      3. Si x est d’ordre n, alors " a ¹ 0, xa est d’ordre .
        En particulier, xa engendre le groupe <x> (<xa> = <x>) ó a et n sont premiers entre eux.
      4. Soient x, y Î G. Supposons que x et y commutent (i.e. xy = yx). Si x est d’ordre n et y d’ordre m, alors xy est d’ordre nm ó n et m sont premiers entre eux.

      Théorème :

      Soit G = <x> un groupe cyclique d’ordre n.

      1. Tout sous-groupe H de G est cyclique d’ordre d un diviseur de n et on a H = <xn/d>.
      2. Pour tout d diviseur de n, il existe un unique sous groupe (cyclique) d’ordre d de G, à savoir H = {y Î G ; yd = e}.
      3. Aut(G) est isomorphe au groupe multiplicatif formé de classes d’entiers inversibles modulo n, noté (Z/nZ)*. En particulier : |Aut G| = j (n) = nombre de générateur du groupe G. Rappelons que l’ensemble de tous les automorphismes de G est un sous groupe de SG.


  2. Classes modulo un sous groupe. Groupes quotients :
  3. Soit H un sous groupe d’un groupe G. On définit deux relations d’équivalence sur G par :

    (congruence à gauche modulo H) ssi x-1y Î H

    (congruence à droite modulo H) ssi xy-1 Î H

    Si, par exemple, G = Z et H = nZ on obtient la relation de congruence modulo n.

    Les classes d’équivalence d’un élément x Î G sont respectivement les ensembles :

    xH = {xy ; y Î H} (classe à gauche de x modulo H)

    Hx = {yx ; y Î H} (classe à droite de x modulo H)

    Remarquons que toutes les classes à gauche [resp. à droite] sont équivalentes à H par bijection.

    Notons (G/H)g [resp. (G/H)d] l’ensemble de toutes les classes à gauche [resp. à droite] des éléments de G modulo H. Ces deux ensembles ont donc le même cardinal, noté [G : H] appelé l’indice de H dans G. Si [G : H] est fini, on dira que H est d’indice fini dans G. Par exemple, nZ est d’indice fini n dans Z.

    1. Théorème de Lagrange :


    2. Théorème de Lagrange :

      Soit H un sous-groupe d’un groupe fini G, alors |G| = |H| ´ [G : H], en particulier |H| divise |G|.



      Corollaire :

      Soit G un groupe fini d’ordre n. Alors, " x Î G, xn = e.



      Corollaire :

      Tout groupe fini G d’ordre p premier est cyclique (donc isomorphe à Z/pZ).



    3. L’ensemble HK :
    4. Soient H et K deux sous-groupes d’un groupe G. On note HK = {xy ; x Î H, y Î K}.

      Proposition :

      Card (HK) =

      Remarque :

      1. En général, HK n’est pas un sous groupe de G.
        HK est un sous groupe ó HK = KH.
      2. Supposons |H| et |K| premiers entre eux, alors HÇ K est trivial et Card(HK) = |H| ´ |K|

       :

    5. Groupes distingués :
    6. Soit H un sous groupe d’un groupe G.

      Proposition :

      Les conditions suivantes sont équivalentes :

      1. " x, y Î G,
      2. " x Î G, xH = Hx
      3. " x Î G, xHx-1 = H (i.e. stable par conjugaison par x)
      4. " x, y, z Î G,

      Si H vérifie l’une de ces conditions équivalentes, on dit que H est un sous groupe distingué (ou normal) de G et on note HÌ G ; dans ce cas, on note G/H l’ensemble des classes modulo H des éléments de G.

      Propriétés :

      1. Dans un groupe abélien, tout sous groupe est distingué.
      2. Z(G)Ì G (Z(G) est le centre de G)
      3. Si [G : H] = 2 alors HÌ G
      4. Soient K Í H Í G des sous groupes. Alors KÌ G Þ KÌ H.
        Mais en général, KÌ H et HÌ G n’implique pas KÌ G.
      5. Soit f : G ® G¢ un morphisme de groupes, alors Ker f Ì G.


      Théorème :

      Soit HÌ G. Notons p  : la surjection canonique. Il existe sur l’ensemble G/H une unique structure de groupe tel que p soit un morphisme et on a : Ker p = H. Le groupe G/H s’appelle le groupe quotient de G par H.



      Exemples :

      1. Les groupes quotients de Z sont les groupes Z/nZ.
      2. Tout groupe quotient d’un groupe cyclique est cyclique.


      Proposition (Théorèmes d’isomorphisme) :

      1. Soit HÌ G. Le groupe quotient G/H vérifie la propriété universelle suivante : quelques soient le groupe G¢ et le morphisme f : G ® G¢ , si H Í Ker f , il existe un unique morphisme  : G/H ® G¢ tel que f = · p . (On pose (xH) = (· p )(x) = f(x)).
      2. Soit f : G ® G¢ un morphisme de groupe, soit p  : G ® (G/Ker f) la surjection canonique, et soit i : Im f ® G¢ l’injection canonique.

      Il existe un unique isomorphisme  : (G/Ker f) ® Im f tel que i · · p = f.



    7. Isomorphisme de Noether :
    8. Soit H un sous groupe de G.

      On note NG(H) = {x Î G ; xHx-1 = H} = c’est le plus grand sous groupe de G dans lequel H est distingué = c’est le normalisateur de H dans G. (HÌ G ó NG(H) = G).

      Proposition (Isomorphisme de Noether) :

      Soient H et K, deux sous groupes d’un groupe G avec K Í NG(H).

      Alors KH = HK est un sous groupe de G. De plus HÌ HK et HÇ KÌ K. Il existe aussi un isomorphisme canonique :
      K/HÇ K ® HK/H.



      Corollaire :

      Soient H et K deux sous groupes d’un groupe G avec G = HK et HÇ K = {e}. Alors :

      1. Si HÌ G, alors G/H @ K
      2. Si HÌ G et KÌ G, alors G @ H´ K


       :

    9. Groupes simples :
    10. Un groupe G non trivial est dit simple si les seuls sous groupes distingués de G sont {e} et G.

      Un groupe abélien G est simple ssi G est cyclique d’ordre p premier.

     :

  4. Structure des groupes abéliens de type fini :
  5. Un groupe G est de type fini si G peut être engendré par un nombre fini d’éléments.

    G = <x1, …, xn>. Supposons G abélien de type fini, alors tout x de G peut s’écrire :

    x = (ai Î Z) et en notation additive : x =

    En général, cette écriture n’est pas unique, il y a des relations entre les xi. Dans la suite de ce paragraphe, on utilisera la notation additive.

    1. Notion de base :
    2. Soit G un groupe abélien de type fini. Un système de générateurs x1, …, xn de G est une base de G s’il n’y a pas de relation non triviales entre les xi, i.e. S aixi = 0 avec ai dans Z Þ " i ai = 0. Si G a une base {xi}1£ i£ n, on dit que G est libre de rang n.

      Remarques :

      1. G est libre de rang n ó G @ Zn.
      2. Le rang d’un groupe libre G est bien défini.
      3. Si G est libre, tout élément x ¹ 0 de G est d’ordre infini (i.e. ax = 0, a Î Z Þ a = 0).

       :

    3. Le sous groupe de torsion de G :
    4. G un groupe abélien ; on note ¡ (G) = {x Î G ; x d’ordre fini}, c’est un sous groupe de G, le sous groupe de torsion de G.

      Proposition :

      Soit G un groupe abélien de type fini non trivial. Alors G libre ó ¡ (G) = {0}.



      Corollaire :

      G groupe abélien de type fini. Alors G @ ¡ (G) ´ G/¡ (G). De plus, ¡ (G) est un groupe fini et G/¡ (G) est un groupe libre.



    5. Un p-groupe :
    6. Soit G un groupe abélien fini.

      Définition :

      Soit p un nombre premier. Un groupe fini G est un p-groupe si |G| est une puissance de p.



      Théorème :

      Tout groupe abélien fini G est isomorphe à un produit direct G1 ´´ GS où chaque Gi est un pi-groupe cyclique avec pi diviseur premier de |G|.



      Corollaire :

      G un groupe abélien fini, p un nombre premier.

      Alors pG = 0 ó s’il existe s ³ 1 tel que G @ (Z/pZ)s.



    7. Lemme :
    8. Lemme :

      Soient G1 et G2 deux groupes cycliques d’ordre n1 et n2 respectivement. Alors G1 ´ G2 est cyclique (d’ordre n1n2) ó n1 Ù n2 = 1.



      Théorème :

      G groupe abélien de type fini. Il existe un unique entier r ³ 0 et une unique suite d’entiers ³ 2 : m1, …, ms telle que " i, mi+1 | mi et G @ (Z/m1Z ´ Z/m2Z ´´ Z/msZ) ´ Z; r étant le rang de G et les mi sont des facteurs invariants de G.



      Corollaire :

      Soit K un corps commutatif. Tout sous groupe fini du groupe multiplicatif K* est cyclique.



    9. Structure des groupes (Z/nZ)* :
    10. (Z/nZ)*  = {classe inversible d’entiers modulo n} est un groupe abélien fini d’ordre j (n).

      Lemme :

      Soit m et n deux entiers premiers entre eux. Alors (Z/mnZ)* @ (Z/mZ)* ´ (Z/nZ)*.



      Corollaire :

      Soit la décomposition de n en facteurs premiers (pi ¹ pj si i ¹ j).

      Alors (Z/nZ)* @



      Proposition :

      1. Soit p un nombre premier impair et a ³ 1.
        Alors (Z/pa Z)* est cyclique donc isomorphe à .
      2. " a ³ 2 :
        Donc n’est pas cyclique si a ³ 3.


      Corollaire :

      Soit n un entier ³ 2. Alors (Z/nZ)* est cyclique ssi n = 2, 4, pa ou 2pa avec p premier impair.



       

  6. Actions de groupes :
  7. Soit G un groupe et E un ensemble non vide.

    1. Définition :
    2. Une action (ou une opération) à gauche de G sur E est la donnée d’une application j  : qui vérifie :

      1. j (eG,x) = x
      2. j (g,j (g¢ ,x)) = j (gg¢ ,x)

      On dit que le groupe G agit (ou opère) sur E.

      Remarques :

      Si se donner une action du groupe G sur E équivaut à se donner un morphisme de groupe r  : G ® SE, on passe de l’un à l’autre par la formule : r (g)(x) = g.x " g Î G, " x Î E.

      Si r est injectif i.e. g.x = x " x Î E Þ g = eG, on dit que l’action est fidèle.

      Si G agit sur E, considérons dans E la relation suivante : x ~ y ssi $ g Î G x = g.y. C’est une relation d’équivalence sur E. Soit x Î E, sa classe d’équivalence est l’ensemble W x = {g.x ; g Î G}, c’est l’orbite de x (pour cette action). Une orbite est triviale si elle n’a qu’un seul élément. S’il n’y a qu’une seule orbite dans E, i.e. si " x, y Î E, $ g Î G avec x = g.y, on dit que G agit transitivement sur E. En général, G agit transitivement sur chaque orbite et les orbites distinctes forment une partition de E. Soit x Î E, {g Î G ; g.x = x} est un sous groupe de G, appelé le stabilisateur de x – Stab(x) – pour cette action.

      Théorème :

      Soit W une orbite pour une action de G sur E ; fixons x Î W .

      1. L’application est une bijection.
        En particulier Card(W ) = [G : Stab(x)]
      2. L’application est une surjection.


      Corollaire :

      G est un groupe qui agit sur E.

      1. Supposons G fini. Alors pour toute orbite W , Card(W ) | Card(G).
      2. Supposons E fini. Notons (W i)1£ i£ s les orbites distinctes dans E. " i, choisissons un point xi dans W i. Alors : Card(E) = Equation aux classes.
      3. Supposons G et E finis. Pour g Î G, notons : Fix(g) = {x Î E ; g.x = x} le fixateur de g. Alors le nombre N d’orbites distinctes dans E est : N = Formule de Burnside.


    3. Exemples :
      1. E un ensemble et G un sous groupe du groupe symétrique SE. G agit fidèlement sur E par s .x = c(x) " c Î G et " x Î E.
      2. G un groupe et H un sous groupe de G. Alors H agit sur G par translation à gauche h.g = hg. Cette action est fidèle, les orbites sont les classes à droite modulo H et les stabilisateurs sont tous triviaux.
      3. Un groupe G agit sur lui-même par conjugaison : g.x = gxg-1. Les orbites sont les classes de conjugaison (x et y sont conjugués dans G ssi $ g Î G avec y = gxg-1). Le stabilisateur de x Î G est le sous groupe {g Î G ; gx = xg} = CG(x) : le centralisateur de x dans G. Si G est fini, la formule de Burnside dit que le nombre de classes de conjugaison dans G est : .
      4. Soit H un sous groupe d’un groupe G. Alors G agit sur (G/H)g par translation à gauche : g.(xH) = gxH. Cette action est transitive.
      5. Un groupe G agit par conjugaison sur l’ensemble de ses sous groupes : g.H = gHg-1. Pour cette action, Stab(H) = NG(H), et le nombre de sous groupe de G conjugués à un sous groupe fixé H est [G : NG(H)].

       :

    4. Théorème de Cauchy :
    5. Théorème :

      Soit G un groupe fini et p un diviseur premier de |G|. Alors G contient au moins un élément d’ordre p.



      Proposition :

      Soit p un nombre premier et G un p-groupe non trivial. Alors Z(G) est non trivial.



      Corollaire :

      Soit p un nombre premier et soit G un groupe d’ordre p². Alors ou bien G @ Z/p²Z ou bien G @ Z/pZ ´ Z/pZ.



  8. Groupe Symétrique :
  9. Soit E un ensemble fini à n éléments. Le groupe symétrique SE est isomorphe au groupe Sn. Donc Card(SE) = n !
    Si F est une partie de E, alors SF @ {s Î S; s (x) = x, " x Î E\F}. Tout sous groupe G de SE agit naturellement et fidèlement sur E par s .x = s (x).

    1. Notion de cycle :
    2. Soit s Î SE fixé. Considérons le groupe cyclique <s >. Une orbite W pour l’action de <s > dans E s’appelle plus simplement une s -orbite. Si x Î W , alors W = {s k(x)}k Î; on dit que W est triviale si W = {x} i.e. s (x) = x.

      Lemme :

      Soit W une s -orbite non triviale de cardinal m. Alors " x Î W , s (x) ¹ x, s m(x) = x et on a W = {x, s (x), s 2(x),…, s m-1(x)}.



      Définition :

      Si s Î SE a une et une seule s -orbite non triviale W dans E, on dit que s est un cycle, que W est le support de s , que m = Card(W ) est la longueur du cycle. On dit aussi que s est un m-cycle. Un 2-cycle est appelé une transposition.

      Un n-cycle s (= cycle de longueur maximale) est appelé une permutation circulaire (dans ce cas <s > agit transitivement sur E).



      Il sera commode de noter un m-cycle s comme suit : on choisit x0 = x un élément du support de W , on pose xi = s i(x) et on note s = (x0, x1, …, xm-1).

      Proposition :

      1. Un m-cycle s est d’ordre m.
      2. Deux cycles ont même longueur ssi ils sont conjugués dans SE.



    3. Cycles disjoints :
    4. On dira que deux cycles sont disjoints si leur support n’ont pas d’éléments communs (remarquons que deux cycles disjoints commutent).

      Théorème :

      Le groupe SE est engendré par les cycles. De façon plus précise : " s Î SE, s ¹ IdE, $ c1,…,cs des cycles disjoints deux à deux tels que : s = . De plus, une telle décomposition est unique (à l’ordre près des facteurs). Enfin, o(c) = .



       :

    5. Permutations conjuguées :
    6. Soit s Î SE. " k : 1 £ k £ n = Card(E). On note n k(s ) = nombre de s -orbites à k éléments.

      Théorème :

      Deux permutations s et s ¢ sont conjuguées dans le groupe SE ssi " k : 1 £ k £ n : n k(s ) = n k(s ¢ ).



      Corollaire :

      Le nombre de classes de conjugaison dans le groupe Sn est égal au nombre de partition de n i.e. au nombre de solutions : (n 1,…,n n) avec n i Î ù de l’équation :

      n 1 + 2n 2 + … + nn n = n



      Proposition :

      1. Le groupe Sn est engendré par les transpositions (mais en général, la décomposition en produit de transposition n’est pas unique).
      2. Le groupe Sn est engendré par :

      1. Les transpositions (i i+1) où 1 £ i £ n-1
      2. Les transpositions (1 i) où 2 £ i £ n
      3. La transposition (1 2) et la permutation circulaire (1 2 … n)



    7. Signature :
    8. Théorème :

      Il existe un unique morphisme de groupe e  : SE ® Z* = {-1, 1} tel que e (t ) = -1 si t est une transposition. e (s ) est la signature de s et on a :

      où N(s ) est le nombre de s -orbites dans E.



      Remarques :

      1. Si s est un m-cycle : e (s ) = (-1)m-1.
      2. Si s Î Sn, e (s ) = (-1)I(s ) où I(s ) est le nombre d’inversion de s i.e. le nombre (i j) avec i < j et s (i) > s (j).
      3. Une permutation s est dite paire [resp. impaire] si e (s ) = 1 [resp. si e (s ) = -1] ; ceci équivaut à dire que s est le produit d’un nombre pair [impair] de transpositions.
      4. Ker e = {permutations paires} est un sous groupe distingué d’indice 2 dans SE, noté AE, le groupe alterné de E. On note An le sous groupe alterné de Sn.

       :

    9. Sous groupes distingués de Sn :
    10. Lemme :

      Z(Sn) est trivial si n ¹ 2.



      Théorème :

      1. Pour n ¹ 4, les seuls sous groupes distingués de Sn sont {e}, An et Sn.
      2. Pour n = 4, les seuls sous groupes distingués de Sn sont {e}, K = {e, (1 2)(3 4), (1 3)(2 4), (1 4)(2 3)}, A4, S4.


    11. Simplicité des groupes alternés :
    12. Théorème :

      An est simple ssi n ¹ 2 ou 4.