Licence de Mathématiques Algèbre et Théorie des Nombres Année Universitaire 2000 ~ 2001 Une production MATHEMATINIUM 2000 (http://yttriumath.free.fr) |
Chapitre 2 Les Groupes |
Définition :Un groupe est un ensemble G muni d’une opération (loi interne) : (loi produit) qui vérifie : a) x(yz) = (xy)z " x, y, z Î G [ASSOCIATIVITE]. b) $ e Î G avec ex = xe = x " x Î G [e est l’ELEMENT NEUTRE]. c) " x Î G, $ y Î G avec xy = yx = e [x est inversible dans G, y est l’INVERSE de x dans G]. |
Propriétés :
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Définition :Soit G un groupe. Un sous-groupe H de G est un sous-ensemble non vide H de G, stable par produit et par inverse, c’est à dire tel que : " x, y Î H, xy Î H et x-1 Î H. |
On peut résumer ces deux axiomes par le suivant : " x, y Î H, xy-1 Î H.
Remarques :
Définition :Soient G et G¢ deux groupes. Un morphisme de G dans G¢ est une application f : G ® G¢ qui respecte le produit i.e. " x, y Î G f(xy) = f(x)f(y) |
Propriétés :De plus, f est surjective ó Im f = G¢ et f injectif ó Ker f = {e}. |
Exemple :
Soient E et E¢ deux ensembles équipotents (i.e. il existe une bijection j : E ® E¢ ), alors l’application Y : s Î SE ® j · s · j -1 Î SE¢ est un isomorphisme de groupe.
Soit n ³ 1. Pour tout ensemble E fini à n éléments, le groupe SE est isomorphe au groupe symétrique de l’ensemble {1,2,…,n}, noté Sn.
Un groupe fini G à n éléments est dit d’ordre n. Son ordre correspond donc à son cardinal et on écrit |G| = n.
Proposition de Cayley :Tout groupe fini G d’ordre n est isomorphe à un sous groupe de Sn. |
Soient G un groupe et X une partie de G. Le plus petit sous-groupe de G contenant X est noté <X>. Si G = <X>, on dit que G est engendré par X ou que X est un ensemble de générateurs du groupe G, dans ce cas, tout élément x de G peut se décomposer de la façon suivante :
x = x1 … xn avec " i xi Î X ou xi –1 Î X
Supposons que le groupe G est engendré par un seul élément, G = <x>. On dit alors que G est monogène, on a G = {xn ; n Î Z} (mais en général les xn ne sont pas tous distincts).
Proposition :Soit G un groupe, x Î G.
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Dans ce cas, <x> est isomorphe au groupe additif Z/nZ (qui est abélien) des entiers modulo n.
<x> = {e, x, x2, …, xn-1}.
Propriétés :Soit G un groupe et x Î G.
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Théorème :Soit G = <x> un groupe cyclique d’ordre n.
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Soit H un sous groupe d’un groupe G. On définit deux relations d’équivalence sur G par :
(congruence à gauche modulo H) ssi x-1y Î H
(congruence à droite modulo H) ssi xy-1 Î H
Si, par exemple, G = Z et H = nZ on obtient la relation de congruence modulo n.
Les classes d’équivalence d’un élément x Î G sont respectivement les ensembles :
xH = {xy ; y Î H} (classe à gauche de x modulo H)
Hx = {yx ; y Î H} (classe à droite de x modulo H)
Remarquons que toutes les classes à gauche [resp. à droite] sont équivalentes à H par bijection.
Notons (G/H)g [resp. (G/H)d] l’ensemble de toutes les classes à gauche [resp. à droite] des éléments de G modulo H. Ces deux ensembles ont donc le même cardinal, noté [G : H] appelé l’indice de H dans G. Si [G : H] est fini, on dira que H est d’indice fini dans G. Par exemple, nZ est d’indice fini n dans Z.
Théorème de Lagrange :Soit H un sous-groupe d’un groupe fini G, alors |G| = |H| ´ [G : H], en particulier |H| divise |G|. |
Corollaire :Soit G un groupe fini d’ordre n. Alors, " x Î G, xn = e. |
Corollaire :Tout groupe fini G d’ordre p premier est cyclique (donc isomorphe à Z/pZ). |
Soient H et K deux sous-groupes d’un groupe G. On note HK = {xy ; x Î H, y Î K}.
Proposition :Card (HK) = |
Remarque :
:
Soit H un sous groupe d’un groupe G.
Proposition : Les conditions suivantes sont équivalentes :
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Si H vérifie l’une de ces conditions équivalentes, on dit que H est un sous groupe distingué (ou normal) de G et on note HÌ G ; dans ce cas, on note G/H l’ensemble des classes modulo H des éléments de G.
Propriétés :
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Théorème :Soit HÌ G. Notons p : la surjection canonique. Il existe sur l’ensemble G/H une unique structure de groupe tel que p soit un morphisme et on a : Ker p = H. Le groupe G/H s’appelle le groupe quotient de G par H. |
Exemples :
Proposition (Théorèmes d’isomorphisme) :
Il existe un unique isomorphisme : (G/Ker f) ® Im f tel que i · · p = f. |
Soit H un sous groupe de G.
On note NG(H) = {x Î G ; xHx-1 = H} = c’est le plus grand sous groupe de G dans lequel H est distingué = c’est le normalisateur de H dans G. (HÌ G ó NG(H) = G).
Proposition (Isomorphisme de Noether) :Soient H et K, deux sous groupes d’un groupe G avec K Í NG(H). Alors KH = HK est un sous groupe de G. De plus HÌ
HK et HÇ
KÌ
K. Il existe aussi un isomorphisme canonique : |
Corollaire :Soient H et K deux sous groupes d’un groupe G avec G = HK et HÇ K = {e}. Alors :
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:
Un groupe G non trivial est dit simple si les seuls sous groupes distingués de G sont {e} et G.
Un groupe abélien G est simple ssi G est cyclique d’ordre p premier.
:
Un groupe G est de type fini si G peut être engendré par un nombre fini d’éléments.
G = <x1, …, xn>. Supposons G abélien de type fini, alors tout x de G peut s’écrire :
x = (ai Î Z) et en notation additive : x =
En général, cette écriture n’est pas unique, il y a des relations entre les xi. Dans la suite de ce paragraphe, on utilisera la notation additive.
Soit G un groupe abélien de type fini. Un système de générateurs x1, …, xn de G est une base de G s’il n’y a pas de relation non triviales entre les xi, i.e. S aixi = 0 avec ai dans Z Þ " i ai = 0. Si G a une base {xi}1£ i£ n, on dit que G est libre de rang n.
Remarques :
:
G un groupe abélien ; on note ¡ (G) = {x Î G ; x d’ordre fini}, c’est un sous groupe de G, le sous groupe de torsion de G.
Proposition :Soit G un groupe abélien de type fini non trivial. Alors G libre ó ¡ (G) = {0}. |
Corollaire :G groupe abélien de type fini. Alors G @ ¡ (G) ´ G/¡ (G). De plus, ¡ (G) est un groupe fini et G/¡ (G) est un groupe libre. |
Soit G un groupe abélien fini.
Définition :Soit p un nombre premier. Un groupe fini G est un p-groupe si |G| est une puissance de p. |
Théorème :Tout groupe abélien fini G est isomorphe à un produit direct G1 ´ … ´ GS où chaque Gi est un pi-groupe cyclique avec pi diviseur premier de |G|. |
Corollaire :G un groupe abélien fini, p un nombre premier. Alors pG = 0 ó s’il existe s ³ 1 tel que G @ (Z/pZ)s. |
Lemme :Soient G1 et G2 deux groupes cycliques d’ordre n1 et n2 respectivement. Alors G1 ´ G2 est cyclique (d’ordre n1n2) ó n1 Ù n2 = 1. |
Théorème :G groupe abélien de type fini. Il existe un unique entier r ³ 0 et une unique suite d’entiers ³ 2 : m1, …, ms telle que " i, mi+1 | mi et G @ (Z/m1Z ´ Z/m2Z ´ … ´ Z/msZ) ´ Zr ; r étant le rang de G et les mi sont des facteurs invariants de G. |
Corollaire :
Soit K un corps commutatif. Tout sous groupe fini du groupe multiplicatif K* est cyclique. |
(Z/nZ)* = {classe inversible d’entiers modulo n} est un groupe abélien fini d’ordre j (n).
Lemme :Soit m et n deux entiers premiers entre eux. Alors (Z/mnZ)* @ (Z/mZ)* ´ (Z/nZ)*. |
Corollaire :
Soit la décomposition de n en facteurs premiers (pi ¹ pj si i ¹ j). Alors (Z/nZ)* @ |
Proposition :
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Corollaire :Soit n un entier ³ 2. Alors (Z/nZ)* est cyclique ssi n = 2, 4, pa ou 2pa avec p premier impair. |
Soit G un groupe et E un ensemble non vide.
Une action (ou une opération) à gauche de G sur E est la donnée d’une application j : qui vérifie :
On dit que le groupe G agit (ou opère) sur E.
Remarques :
Si se donner une action du groupe G sur E équivaut à se donner un morphisme de groupe r : G ® SE, on passe de l’un à l’autre par la formule : r (g)(x) = g.x " g Î G, " x Î E.
Si r est injectif i.e. g.x = x " x Î E Þ g = eG, on dit que l’action est fidèle.
Si G agit sur E, considérons dans E la relation suivante : x ~ y ssi $ g Î G x = g.y. C’est une relation d’équivalence sur E. Soit x Î E, sa classe d’équivalence est l’ensemble W x = {g.x ; g Î G}, c’est l’orbite de x (pour cette action). Une orbite est triviale si elle n’a qu’un seul élément. S’il n’y a qu’une seule orbite dans E, i.e. si " x, y Î E, $ g Î G avec x = g.y, on dit que G agit transitivement sur E. En général, G agit transitivement sur chaque orbite et les orbites distinctes forment une partition de E. Soit x Î E, {g Î G ; g.x = x} est un sous groupe de G, appelé le stabilisateur de x – Stab(x) – pour cette action.
Théorème :Soit W une orbite pour une action de G sur E ; fixons x Î W .
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Corollaire :G est un groupe qui agit sur E.
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:
Théorème :Soit G un groupe fini et p un diviseur premier de |G|. Alors G contient au moins un élément d’ordre p. |
Proposition :Soit p un nombre premier et G un p-groupe non trivial. Alors Z(G) est non trivial. |
Corollaire :Soit p un nombre premier et soit G un groupe d’ordre p². Alors ou bien G @ Z/p²Z ou bien G @ Z/pZ ´ Z/pZ. |
Soit E un ensemble fini à n éléments. Le groupe symétrique SE est isomorphe au groupe Sn. Donc Card(SE) = n !
Si F est une partie de E, alors SF @
{s
Î
SE ; s
(x) = x, "
x Î
E\F}. Tout sous groupe G de SE agit naturellement et fidèlement sur E par s
.x = s
(x).
Soit s Î SE fixé. Considérons le groupe cyclique <s >. Une orbite W pour l’action de <s > dans E s’appelle plus simplement une s -orbite. Si x Î W , alors W = {s k(x)}k Î Z ; on dit que W est triviale si W = {x} i.e. s (x) = x.
Lemme :Soit W une s -orbite non triviale de cardinal m. Alors " x Î W , s (x) ¹ x, s m(x) = x et on a W = {x, s (x), s 2(x),…, s m-1(x)}. |
Définition :Si s Î SE a une et une seule s -orbite non triviale W dans E, on dit que s est un cycle, que W est le support de s , que m = Card(W ) est la longueur du cycle. On dit aussi que s est un m-cycle. Un 2-cycle est appelé une transposition. Un n-cycle s (= cycle de longueur maximale) est appelé une permutation circulaire (dans ce cas <s > agit transitivement sur E). |
Il sera commode de noter un m-cycle s comme suit : on choisit x0 = x un élément du support de W , on pose xi = s i(x) et on note s = (x0, x1, …, xm-1).
Proposition :
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On dira que deux cycles sont disjoints si leur support n’ont pas d’éléments communs (remarquons que deux cycles disjoints commutent).
Théorème :Le groupe SE est engendré par les cycles. De façon plus précise : " s Î SE, s ¹ IdE, $ c1,…,cs des cycles disjoints deux à deux tels que : s = . De plus, une telle décomposition est unique (à l’ordre près des facteurs). Enfin, o(c) = . |
:
Soit s Î SE. " k : 1 £ k £ n = Card(E). On note n k(s ) = nombre de s -orbites à k éléments.
Théorème :Deux permutations s et s ¢ sont conjuguées dans le groupe SE ssi " k : 1 £ k £ n : n k(s ) = n k(s ¢ ). |
Corollaire :
Le nombre de classes de conjugaison dans le groupe Sn est égal au nombre de partition de n i.e. au nombre de solutions : (n 1,…,n n) avec n i Î ù de l’équation : n 1 + 2n 2 + … + nn n = n |
Proposition :
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Théorème :Il existe un unique morphisme de groupe e : SE ® Z* = {-1, 1} tel que e (t ) = -1 si t est une transposition. e (s ) est la signature de s et on a : où N(s ) est le nombre de s -orbites dans E. |
Remarques :
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Lemme :Z(Sn) est trivial si n ¹ 2. |
Théorème :
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Théorème :A n est simple ssi n ¹ 2 ou 4. |